Ernest Lesigne

Au delà du salariat

(1911)

 



Note

Un texte d'une extrême clarté sur la nécessité d'aller au-delà des rapports de dépendance salariale, en transformant toutes les relations de travail en contrats volontaires de coopération associative.

Source: Extrait de, Ernest Lesigne, Les droits du travail, Paris, 1911.

 


 

Preface

Sous le nom de salariat, la barbarie du passé nous a légué un régime de location de l’homme par l'homme, qui déshonore notre civilisation.

L'expérience des siècles a montré que ces résidus de l'histoire n'en ont plus pour longtemps, quand ils ont atteint un certain degré d’accumulation; car ils en sont arrivés alors à peser d'une telle oppression sur les peuples, que ceux-ci n'ont plus de cesse jusqu'à ce qu’ils s'en soient délivrés.

Ainsi ont pris fin l'esclavage et le servage, par l'excès même de leur développement; ainsi et et pour la même cause, prendra fin le salariat.

[…]

Les jours de l'ancienne iniquité sont donc comptés; et bientôt, les libres coopérations de tous les savoirs, de tous les talents, de tous les efforts, de toutes les collaborations dans l’oeuvre productive et distributive, formeront une humanité plus instruite, plus puissante, meilleure et plus heureuse: où la pauvreté sera vaincue par l'application des forces, des fécondités de la nature et des cerveaux, à la satisfaction des besoins de tous et non plus à l'enrichissement de quelque-uns; où les moyens de se procurer la vie seront un droit réalisé; où, ayant conquis tous ses droits, le travail, au lieu d'être, comme aujourd'hui, une peine, une fatigue, une souffrance, une usure, une déchéance, un servage, sera l'exercice normal, salutaire, des facultés cérébrales et musculaires; sera la joie de vivre dans le devoir accompli, dans la conscience de concourir à toujours créer plus de bien-être, plus de bonheur, plus de moralité, plus de beauté, plus de bonté, plus de solidarité, plus de vérité, plus de justice.


De l'Esclavage au Salariat

La première forme de salariat s'appelait l'esclavage. Elle marquait la période de l'appropriation de l'homme par l'homme. Le maître était propriétaire du serviteur, comme du cheval. L'assimilation était complète. L'esclave était acheté comme la bête de trait ou de somme, à titre onéreux. Il en résultait que s'il avait à craindre les mauvais traitements - et encore son propriétaire n’avait-il pas d'intérêt à le détériorer - il ne connaissait ni les transes du chômage, ni les affres de sa faim à lui, et celles, plus douloureuses encore pour lui, de la faim de sa compagne et de ses petits. Le nécessaire était fait pour le suffisamment entretenir en forme, et aussi pour veiller et pourvoir à ce que les enfants se développassent en bonne santé, comme on faisait pour conserver un bon coursier et se réserver d'alertes poulains.

Mai c'était bien des soucis et aussi de la dépense, qui diminuait d'autant le bénéfice tiré par l'employeur, de chaque paire de bras occupés. L'exploitation de l'homme ne devait s'arrêter à cette phase vraiment trop primitive et un peu naïve.

Et puis, des esclaves en foule, comme au temps de Rome, ce n'est jamais sans danger.

De ces préoccupations le maître se lassa, et envoya l'homme tirer par lui-même de la terre seigneuriale sa nourriture, à condition de fournir en denrées, produits et corvées, l'équivalent de ce que procurait l'esclavage auparavant. Ces inventeurs du servage se révélèrent ainsi déjà plus habiles que les possesseurs d'esclaves.

Mais subsistait pour eux une dernière obligation. Si le serf ne pouvait quitter la glèbe, le seigneur non plus ne pouvait l'en expulser. Or, un serf vieux ou malade, ça tient de la place et ça ne produit pas grand’ chose.

Pourquoi s'embarrasser de ces gens à vie? Ne serait-il pas beaucoup plus simple et plus économique de se les adjoindre seulement lorsqu'on en aurait besoin, et de pouvoir leur dire d'aller se faire nourrir ailleurs, une fois passée la saison du travail, et par conséquent du supplément de produit à tirer d'eux?

Les chaînes furent brisées; le fouet lui-même fut mis au rancart. Les forts , les maîtres, avaient trouvé, pour contraindre les faibles à travailler à leur profit, l'aiguillon de la faim, bien plus efficace que celui du meneur de boeufs. Il leur avait pour cela suffi de s'approprier, non plus le travailleur, ce qui s'était montré une mauvaise opération pour les mortes-saisons, mais tous les moyens de travail; de mettre la main sur le sol, le sous-sol, l'arbre et son fruit, la plaine et sa verdure, la forêt et son gibier, l'usine et la mine; puis de dire à l 'exclu du partage : «Et maintenant, si tu veux un peu de pitance, donne-moi toute ta force, laboure pour moi, fabrique pour moi, et sur le produit de ton oeuvre, je te concéderai quelque chose pour que tu ne succombes pas, même un coin temporaire pour te refaire, aussi longtemps que j'aurai besoin de toi. Le reste de ta production m'appartiendra. Des moissons que tu auras fait croître en cette terre que je n'ai pas plus créée que toi, mais que je détiens parce que le plus fort et le plus tôt venu, tu auras les glanes et moi les puissantes gerbes. A part cela, tu es libre; c’est à prendre ou à laisser. Si ça ne te va pas aujourd'hui, tu reviendras un peu plus tard. Je ne suis pas pressé, car en fait, ce qui pourrait m'arriver de pis, ce serait de faire le grain moi-même; tandis que toi, si tu ne reviens pas, tu mourras de faim avec ta femme et tes gosses.»

L’homme alors fut pris en location, à tant par heure, par journée, par mois, par année, et son loueur en tira ensuite le plus de rendement possible, comme d'un cheval également loué, sans que lui, l'homme, pas plus que le cheval, ait rien à voir, ni à avoir, ni à savoir de son gain réel. A l'apparence physique, vous vous imagineriez que c'est une personnalité humaine qui vient de se faire embaucher et qu'on emmène au travail; vous faites erreur: c'est de la « main-d'oeuvre ». Le prix d'embauche, le taux de la location de l'homme varient suivant l'abondance du marché ou l'intensité de la misère. Plus il y a longtemps que les petits crient, moins la location coûte, et meilleure est l'affaire pour le preneur. Vous entendez dire: «La main-d’oeuvre est chère, est bon marché cette année!» Et longtemps, personne ne trouva le dire étrange; nul ne se sentit monter au cerveau un flux de révolte, ni au front un rouge de honte. Ceux qui se croyaient les plus hardis réformateurs parlaient de régulariser le marché, de tarifer les transactions, mais non d'en supprimer, d'en détruire le principe, la pratique, la honte; ils parlaient aussi parfois de changer de maître, de devenir salariés publics; mais nul ne disait qu'il ne doit plus y avoir ni salaire, ni salariés, ni salariants quelconques; nul ne s'écriait, en face des trafiquants d'intelligence et de force humaine et de ceux dont on trafiquait: «Il y a ici des hommes égaux en droits à tous les autres hommes et non de la «main-d’oeuvre.» Il ne peut plus y avoir de marchés de main-d'oeuvre, de marchés de travailleurs. Ce qu'on n'a plus le droit d'acheter ni de vendre, on ne doit pas pouvoir davantage les prendre en location. Le contrat de louage d’oeuvre, de louage du travailleur, de louage de services, doit faire place au contrat d’association.


Une Civilisation coopérative

Cependant, il en est qui ont fini par en avoir assez d'être ainsi tenus pour de simples outillages, par d'autres qui ne sont pourtant que des hommes comme eux. Lassés d'être dépouillés, expropriés de leur produit, ils se sont retirés du marché aux humains; et, pour s'affranchir du servage salarié, pour affirmer et garder leur dignité d'hommes en face des autres hommes, pour n'être plus dépossédés de leur gain, pour n'être plus des salariés et n'avoir plus de maîtres, ils-ont affronté les pires difficultés matérielles, les pires soucis moraux, et ont remporté cette victoire, réputé impossible, de s'élever jusqu'au régime de libres associations, de faire vivre, durer et prospérer ces associations.

Ce sera dans l'histoire le renom des coopérateurs de s'être dit ainsi, avant tous autres, que le salariat, dernier vestige des temps où l’homme était la chose de l'homme, régime d’iniquité dans la répartition du travail, des moyens de travail et des produits du travail, était désormais incompatible avec la civilisation nouvelle, avec les sentiments nouveaux de dignité et de justice humaines. Ce sera leur honneur, qu'après s'être rendu compte que cette grande évolution sociale devait reposer sur l’exemple de l'initiative personnelle, sur Ia démonstration de l'expérience privée, sur le devancement et l'entraînement de l'action publique par la propagande du succès, ils aient eu le courage d'entreprendre et la persévérance d'accomplir, dans un milieu naturellement hostile, l'effort nécessaire pour donner cet exemple et faire cette démonstration.

Pour la seconde fois dans l'histoire - car la coopération de production a déjà eu un temps de prodigieuse civilisation, tôt détruite par un sabre brutal, - chacun des collaborateurs d'un travail exécuté à plusieurs a reçu la valeur intégrale du produit de son propre travail, tout comme s'il avait accompli seul une oeuvre individuelle. Après avoir été, au cours du labeur, mis en possession de cet acompte qu'on nomme salaire, il a eu encore, à la fin de l'exercice, ce sursalaire, ce surpro­duit, ce supplément, qu'il est de la nature de l'homme qui travaille de produire au-dessus de ses besoins courants, et dont le travailleur avait été jusqu'alors exproprié: par le maître quand il était esclave, par le seigneur quand il était serf, par l'employeur quand il était salarié.


Le Droit au Gain complet

Il ne s'agit pas de promettre qu'on sera de bons salariants. Un de nos coopérateurs l'a dit avec vérité: « Le travailleur ne veut pas plus de la bienveillance que de la malveillance.» Il s'agit que chacun n'ait plus de maître hors lui-même, soit à l'état individuel, pour le travail qu'il peut accomplir seul, soit, à l'état d'associé contractuel, quand le concours de plusieurs est nécessaire. Demain, la loi elle-même devra dire que tout contrat de travail est un contrat d'association.

L'organisation coopérative aboutit, non pas à la charité, mais au droit; non pas au salaire plus ou moins gonflé, mais à la disparition du salariat, et, en sa place, au gain complet; non pas à une règle plus ou moins généreuse, mais à un règlement que se feront eux mêmes les travailleurs associés. Même s’il lui fallait choisir entre les deux sorts des animaux de La Fontaine, le coopérateur aimerait être le maigre, mais libre, que le gras, dont le cou est marqué des traces du collier dont il est attaché. Le droit au gain complet, c'est-à-dire au produit intégral du travail, sera, lui aussi, reconnu, proclamé, appliqué, légalisé; et ils paraitront sortir d'un autre monde, ceux qui viendront dire qu'il n'est plus rien dû à un travailleur, quand il a touché, même au tarif syndical, cet acompte qu'on nomme salaire en regime salarié.

Car, voici encore un fait fondamental: le salaire n'est jamais qu'un acompte, un premier versement pour les besoins courants, calculé sur le nécessaire habituel, régional, au-dessous duquel l'être humain ne s'entretiendrait plus; mais cet acompte laisse toujours, ne fût-ce qu’en vu des aléas, une difference entre ce premier perçu et la valeur réelle du travail produit. Prétendre que cette différence doit être soustraite à ce travailleur qu’il l’a gagné, pour arrondir la fortune de l’intermédiaire salariant, comme c’est encore le dol courant de notre soi-disant civilisation, là est la spoliation, commise part tout le passé évidemment, mais qu’il est temps de faire cesser.


Le salariat c'est la Décadence

Le salariat n'est pas seulement la guerre intestine, la haine sociale, il est encore le péril de décadence, de régression humaine.

C’est bientôt dit: «Nous, détenteurs des moyens de produire, nous, minorité, nous enrégimenterons sous notre commandement tous les autres hommes; nous les accolerons à nos machines et nous ferons qu’ils soient eux-mêmes des machines, nous les façonnerons à quelques mouvements, toujours les mêmes, afin qu'ils finissent par les exécuter automatiquement. Nous leur procurerons le travail à faire, et ils le feront pour nous, sans qu'ils aient à se préoccuper ni d’où, ni comment il vient, ni où il va, ni combien il vaut. Nous leur fournirons alors quelque pitance, comme nous le faisons pour le charbon et l'huile de la machine. Nous serons les cerveaux et ils seront les bras; nous penserons pour eux, et ainsi sera supprimé en eux même le besoin de penser.»

[…]

C'était l'idéal visé, au fond des puits d’Anzin et de toutes les grandes exploitations minières ou autres. C'est encore l'ideal du berger conduisant son troupeau au parc, à la mangeoire et aussi à la tonte.

Ils sont d'un bon rapport, les moutons, et non plus besoin de penser. Mais voulez-vous regarder sous ces crânes et observer ces cerveaux, d'où sont absentes toute combinaison, toute initiative, toute invention, et devenus, par la domestication, étrangers à la solution personnelle des problèmes de la vie. C'est l'atrophie; c'est la surface à peine sillonnée; c'est l'organe indéveloppé faute d'exercice.

Etudiez, au contraire, le ganglion cérébral des abeilles et des fourmis, et surtout le cerveau humain. Chaque fois que l'animal, que l’homme s’est élevé d'un degré de plus dans la série pensante, chaque fois qu'il a accompli un progrès nouveau dans sa façon de vivre, ça été parce que son organe de la pensée, par son effort personnel de plus en plus complexe, par la multiplicité de ses combinaisons pour la conquête du mieux-être, a fait céder les parois de sa prison crânienne, a haussé son front pour se faire plus de place ; et, comme celle-ci ne suffisait pas encore, il s'est sillonné, replié sur lui-même, il s'est multiplié à l’intérieur jusqu'à trouver moyen de caser, en cette surface plissée, près d'un milliard de cellules pensantes.

L'humanité n'est puissante que par la puissance de ses cerveaux. Et, c'est cet organe fruit d'une gymnastique accumulée durant des millions d'années; c'est ce trésor humain que vous prétendez condamner à ne plus se développer, à ne plus même s'exercer, donc à s'atrophier, chez ces centaines de millions d'hommes, que, pour l' ensemble des pays industriels, vous avez dans les derniers temps réduits à l'état de salariés!

Supposons que vous réussissiez à parachever cette oeuvre, poursuivie par vous depuis quelques générations; que l'humanité soit enfin cataloguée, selon vos vues, en deux portions bien distinctes, dont l'une, le salariat, le grand nombre, bientôt l'immense majorité, n'aurait en son travail plus de recherche personnelle, plus de vouloir propre, plus de contrôle, par conséquent plus rien de cet effort cérébral, dont la continuité seule peut conserver dans son développement, ou développer encore ce cerveau, formé au cours des siècles par les nécessités de l'initiative de vie; qu’adviendrait-il pour avoir mis cet éteignoir sur la flamme de la pensée?

Ce qui se produit pour tous les organes dont la fonction est diminuée: la déshabitude d’abord, l'engourdissement, puis la diminution peu à peu, la résorption, la dégénérescence, le retour aux infériorités du lointain passé, la disparition des détails les plus délicats, par lesquels l'humanité s'était progressivement élevée à un si haut degré au-dessus des autres êtres vivants.

«Ce qui restera, vous direz-vous, sera toujours assez bon, dans l'organisation du travail telle que nous voulons la pratiquer de plus en plus Que nous importe que notre cheval de manège soit aveugle, puisque, quand il ne l’est pas, nous lui bandons les yeux? Est-ce nous ne resterons pas là pour voir et pour penser? C'est ce que nous appelons la division des fonctions. Les cerveaux, ce sera nous; il nous suffira que nos servants, nos salariés en conservent assez pour faire mouvoir les bras.»

C'est bien, en effet, à deux humanités que vous iriez, si l'on ne vous arrêtait pas à temps: celle de l'immense troupeau de vos assujettis dont vous auriez fait des eunuques de la pensée, et celle de la petite aristocratie d'assujettissants, de dirigeants, de salariants, de profiteurs héréditaires, pour toujours dominatrice, selon votre espoir: puisque vous lui auriez réservé, à elle seule, après l'avoir supprimée chez l'autre, cette puissance de pensée, qui, plus que l'accaparement même des moyens de produire, est la condition de la domination.

Il n'est pas nouveau, votre programme. Il a été réalisé. Il s'est appelé la décadence romaine.

Vos pareils d'alors avaient totalement réussi; ils avaient vraiment constitué deux humanités: l'une faite d'une immensité d'esclaves, et l'autre de quelques familles maîtresses. Pour la dégénérescence des esclaves, ça n’a pas traîné. Quant aux maîtres, ils en arrivèrent bientôt à cette période de véritable gâtisme qui frappe la descendance de toute aristocratie; et le monde romain fut alors tout entier balayé par des forces extérieures.

Ils avaient cru, comme vous croyez, qu'on pourrait faire dans l'humanité cette cassure, sans la détruire: quelques-uns qui commandaient, et dont les fils des fils commanderaient à perpétuité; tout le reste, déprimé, intellectuellement atrophié, courbé sous le joug de l'obéissance.

Et l'exemple de Rome n'est pas le seul à invoquer. Quand les chefs turcs, après la formidable expansion dans le sud-est européen, eurent étouffé sous eux toute initiative personnelle ce fut vite fait de cette civilisation musulmane qui avait étonné le monde. Et que dire de l'Espagne, avec ses pasteurs qui prétendirent aussi penser pour elle?


L’Immoralité du Salariat

Je ne voudrais pas avoir de mot qui dépasseraient ma pensée, ni s'écarterait de la stricte justice dans l'appréciation des faits et des individualités; d'autant moins que les institutions sont le plus souvent le produit d'une fatalité historique, et que, par conséquent, les individus sont eux-mêmes comme pris dans l’engrenage de ces faits. Mais on ne peut pourtant pas omettre de noter qu'à toute la série des tares du salariat, précédemment dénoncées et caractérisées, il faut ajouter aussi cette autre tare, que ce régime est un véritable boulet au pied de l'humanité, dans son effort pour devenir meilleure, dans son élan vers une plus haute moralisation. Et il faut reconnaître nettement que les hommes ne vaudrons moralement mieux, que quand il n’y aura plus qui sont des maîtres, et d’autres qui sont des serviteurs ; quand les uns se révolterons devant l'idée de prendre les autres en location, et que ceux-ci se refuseront à la dégradation de se louer; quand personne ne sera plus la chose de personne; quand l’égalité devant le droit ne sera plus un mensonge; quand chacun pourra prétendre à l'intégral développement de ses facultés; quand il n’y aura plus de spoliateurs ni de spoliés, dans l’attribution des produits du travail.


Conclusion

Quand les travailleurs, tant de l’industrie, que de l'agriculture ou de l'échange, cesseront d’être des salariés; quand ils ne seront plus expropriés du sixième de leur gain, et qu’ils auront recouvré la direction de cette épargne, eux se souviendront - parce qu'ils aurons intérêt à le faire - que l'agriculture et l’industrie sont comme les deux plateaux de la balance, qui doivent être également chargés pour qu’il y ait équilibre et santé sociale; pour que le producteur agricole ait toujours de la production à fournir, en échange des objets industriels dont il a besoin; pour que le producteur industriel ne reste pas tête à tête avec son produit, faute de trouver acquéreur, puisque l'agriculture n’a rien à lui échanger en retour. Ils se rendront compte également que, si chargé que puisse être chacun des plateaux de la balance; si active, si féconde que puisse être la production dans les deux compartiment, il y aura toujours équilibre, toujours contre-parties échangeables. Seulement, ce sera l'équilibre dans la prospérité, dans l'abondance, dans l’harmonie sociale, dans la plénitude du droit, dans la joie de vivre, dans le bonheur.

 


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